Ils devront organiser enfin la gouvernance.« Notre objectif principal reste l’amélioration de la compétitivité de notre activité lanceurs, a expliqué Tom Enders cité dans le communiqué commun d’Airbus Group et de Safran. C’est ce que disait déjà dans une interview accordé à La Tribune, Stéphane Israël : « L’industrie souhaite récupérer l’autorité de design, les institutions étant davantage dans un rôle d’autorité de certification ».C’est à eux de trouver la forme juridique adéquate, avec le CNES et Arianespace, a-t-elle précisé. Pour forcer la main à l’Etat et ouvrir son coffre-fort, il fallait donc une action des deux industriels, qui ne pouvait que contraindre les pouvoirs publics à bouger, et un chiffon rouge. A terme, des actifs industriels seraient apportés afin de créer une entreprise à part entière, leader mondial, et détenue conjointement. Airbus Group et Safran resserrent leurs liens pour proposer une nouvelle famille de lanceurs compétitifs, polyvalents et performants, afin de répondre aux besoins commerciaux et institutionnels du marché, expliquent Safran et Airbus Group. Le chiffon rouge, c’est bien sûr SpaceX, diabolisé pour le danger que l’américain représente mais surtout envié par les industriels pour son modèle intégré. Ce qui était une incongruité depuis trop longtemps aux yeux des deux industriels dans l’organisation de la filière spatiale.Pourquoi ?Dans un premier temps, Airbus Group, qui n’a pas hésité récemment à tailler dans ses effectifs dans les activités espace, et Safran devraient créer une joint-venture de programmes, regroupant leurs contrats de programmes civils et leurs principales participations dans le domaine des lanceurs commerciaux. Pour récupérer notamment les budgets de développement de l’État français sans qu’ils ne passent entre les mains du CNES, accusé d’avoir « trop de gras » par les industriels et qui sera bientôt réduit au rôle d’une direction générale de l’armement (DGA). Le seul à jouer cartes sur table, c’est le PDG de Safran, Jean-Paul Herteman. « Dans notre idée, la nouvelle entité a vocation aussi à intégrer l’opérateur de lancement Arianespace et les compétences de la direction des lanceurs du CNES », a-t-il déclaré en présence du PDG d’Arianespace Stéphane Israël et du directeur du CNES Jean-Yves Le Gall, en sortant d’une réunion à l’Élysée. En regroupant leurs forces dans les lanceurs spatiaux, les deux industriels ont trouvé le moyen de faire bouger l’Etat, qui va très certainement abandonner son leadership dans la conception des lanceurs spatiaux. C’est ce confirme la secrétaire d’Etat chargée du dossier spatial, Geneviève Fioraso. « Les industriels seront responsables de toute la chaîne de valeur, de la conception jusqu’au lancement et la commercialisation, a-t-elle expliqué, l’Etat restant maître de la stratégie ».« Le calendrier est serré, on a jusqu’à la fin de l’année pour arriver à ça ». La seule question qui se pose : l’Etat va-t-il maintenant brader ses bijoux ?